- Aria Sanda

 

- "Aria Sanda"

est un texte proposé en postface, pages 73 et 74, au texte de Paul Sanda Entre chair et loup, paru chez Editinter

www.editinter.net

Il s'agit d'une postface-témoignage, prose poétique... d'Anne Poiré...

 


Fracassant, l'uppercut.

Sans filet, d'un claquement de langue, exalté le Mot jaillit. Expulsé. Du fauve les naseaux flamboient. Sortilège de la Parole. Magie. Capable de briser, de relier. Poursuivant infatigable crue, le fleuve vitupère, vocifère. Rythme, roulis haletant, - public suspendu. Pauses, chair qui tremble, reprises. Dans le tempo. Au-delà des cadences : labyrinthes. Sauts. Déploiement de plaies en abîmes. Fugue. Fougue. Cascades des sons animés et brûlants. Naît le scintillement, dans l'obscur, malgré l'enténébrée, inexplicable brume. Débit. Délit. Dans l'épaisseur du silence, les interstices : incendies. Le désordre fuse. Lumineux, ce solo vocal. Musc, constellations...

Impromptue, la polyphonie.

Fracas primaire : éparpillés les os, craquelant sous la dent, caquetant dans le latent, attente, des eaux, des osselets, seuls, désarticule, dissèque, tessons, alphabets soubresautés, de spasmes, sperme, spleen et splendeur mêlés.

Magnitude archaïque. Magnificences d'onomatopées... Gouffres. Parfois le chuchotis, le bruissement étouffé, chargé d'échos, prolongements imperceptibles. Définitifs. Le hurlement succède, apaise, renverse les idées. Verse son épée. Masque arraché. Halo.

Grognements, plaintes : exacerbés barytons et ténors : l'or ténu au large du chant. Opus muscles.

Le loup en l'homme. Couinement aigu. Marges sans retenue, à la margelle.
Il faut avoir été témoin, une fois, dans sa vie, dans sa voix, de l'élan animal qui préside aux festivités. Il faut avoir entendu ces caresses à vif, ces crissements de résistance. Brutaux. Violents. Ardus. Tels sont les textes qu'éructe Paul Sanda. Lorsqu'on a le bonheur d'assister à sa métamorphose en diseur, proférateur, limpide et grimaçant, tout devient facile. Sa poésie prend forme dans le creux de la gorge, se mâche, se dévore et il la rejette vers nous avec la vorace générosité des sages.

Éructations de farouche indompté. Vociférations venues du ventre. Appel à l'émeute. La meute. Scandales dévastés, recréés : puissance énergie volume. Sensualité qui fait sens.

Soudain c'est l'"explosante-fixe" dont on avait parlé, autrefois. Suffocante. Les mages, les druides, l'avaient annoncée. Images ruisselantes. Débordantes ! Explorations de confins exultants. Dans les furtifs enchevêtrements hallucinés, il s'enhardit. Souplesse des articulations, portées par le souffle, incantatoire. À incandescence, le poétique se tatoue. Séisme. Effleurements, cajoleries, embrasements, germination subite : de l'étincelle, - oratorio - , revertébrés les vocables, déverrouillés, un à un hors de la horde rebondissent.