Crinière de Lyon

 

est une série de poèmes, très courts, rêvés autour de la ville du même nom.... et de ses toponymes.

Ces textes sont encore inédits dans leur intégralité.

La revue Gros Textes en a publié une partie dans son numéro 40 du printemps 2004.

Puis, en mars 2005, la revue Mot à Maux n°1, a choisi d'en présenter d'autres, avec des illustrations originales de Patrick Guallino, accompagnés par une présentation de l'auteur, p. 24 à 26.

 

Pour commander ces revues très rares :

Gros Textes

Yves Artufel

Fontfourane

05 380 Châteauroux les Alpes

 

Mot à Maux

Daniel Brochard

3 allée Cuvier

79 200 Châtillon/Thouet

 

 

Crinière de Lyon

 

 


rive droite de la saône

la rue vide-bourse
serpente

s'introduit

de la rue macchabée

à la rue sainte-irénée
beaux névés

aînée

à balconnets
qui pourrait en douter

-

dans le cinquième

de la rue des aqueducs

rendons-nous allée de l'aurore
c'est l'impasse
à compter du crépuscule

-

entre rhône et saône

brumes du matin

la rue de la claire

n'est pas celle de ma soeur

mais la source

de ce nom

-

ô vaise agreste

aux vastes prairies

bouchons d'aujourd'hui

fontaines ruisseaux

flots loin partis

-

après gorge-de-loup

la rue l'impasse

se continue le chemin des deux amants

que faut-il en conclure

-

la rue du souvenir

était voie du cimetière

autrefois

-

à la croix-rousse séductrice

raidillons et plateaux

façades maquillées

la montée de la boucle

frisotte

aux tempes des collines

-

traboule révolutionnaire

des voraces

prolongement d'une esplanade

ombragée

de platanes

encore conservés

-

et la place des tapis

proche de la rue de cuire

sit-in

gazons frivoles

depuis longtemps rasés gratis

-

ruelle tarabiscotée

qui chemine

de la montée coquillat

à la rue des fantasques
aléatoires

ô baroques courbes dans la marge

ondulant dans l'imaginaire

-

passage des gloriettes

quels troublants succès

abritez-vous

-

rue du panorama

jusqu'aux alpages

et l'enfance
l'on distingue

par temps serein

-

l'avenue du point-du-jour

imperturbablement sinue

même au couchant

-

la rue du mail

comme ailleurs

terrain de jeux petit maillet

boule de bois manche flexible
ou alors prémonitoire

loin du vieux siècle

de l'internet

croquet électronique

-

minuscule passage du mont-sauvage

ô solitudes

des pentes escarpées

-

croix-alezane

d'écureuil vénitien

en tes écrins secrets

traboules et mystères

-

et la rue des pierres-plantées

elle ne pousse pas

non

-

les quais et ponts de saône

rousseau

le jeune jean-jacques

près des étroits

la lune y regarda

-

presqu'île et ta rue de l'arbre-sec

on boit

et rue des bouquetiers

l'on songe à des charrettes ambulantes

de fleurs fraîchement liées

-

rue des forces

grands ciseaux tranchants

pour tondre les draps

-

rive gauche du rhône

géographie humaniste
si bien nommée

édifiée

en 1968
la rue des droits de l'homme

-

rue de l'éternité

les fossoyeurs perpétuels

au bout

-

sortie des ouvriers

immortalisée
portail ouvert

fermé
accéléré
c'est la rue rembobinée

du premier film

-

rue des prévoyants de l'avenir

quelle impasse

pourquoi pas large boulevard

-

parc de la tête d'or

rue du rêve d'or

rue du chariot d'or
la ville

charrie ses légendes
trésors et monnaies

fantasmés

-

joliment parfumée

la rue des serpollières
le thym

laurier basilic estragon
palpitantes

frémissantes narines

-

dans la fosse aux toponymes
à l'oeil nu

lyon rugissant
constellation de vingt-cinq étoiles

en l'hémisphère boréal
et quelques arrondissements
pas mal

se défend

 

 

-------------

 

 

Anne Poiré par Anne Poiré ?

in revue Mot à Maux n°1, mars 2005

 

Anne Poiré par Anne Poiré ?

 

Feu d'artifice, Périple de brocart, Arcanes de Paris, La source, Linceul après linceul, Crayons de soleil ou Les couleurs du bonheur, tels sont les titres de certains de mes recueils, publiés depuis une dizaine d'années par autant de maisons, aux noms porteurs de rêves : On @ Faim, Encres Vives, Tournefeuille, Comme ça et autrement, Gros Textes, L'Amateur, Clapàs, Carmina...


Palette polychrome, pour des poèmes souvent courts, proches du haiku, et en même temps marqués par un certain souffle baroque, démesuré, puisque ces unités brèves se suivent, se déploient, en écriture engagée, - notamment contre la peine de mort -, avec Douleur capitale, ou plus ludique, comme dans 69 proverbes, voire érotique, ce dont témoigne Pulpe doigts...


J'ai publié notamment dans les revues Triages, Comme en Poésie, De l'autre côté du mur, Traces, Artension, Création Franche, La Faute à Rousseau, (Cahiers d')ECRITURES, Utopia, Marie Morel, Gazogène... Il s'agit là d'une liste non exhaustive, ce qui souligne sans doute le caractère à la fois éclectique et foisonnant de mon écriture !


Un premier roman, La maison de l'écrivain, va paraître fin 2005, aux éditions Belem, et sa prose poétique marque une continuité avec l'écriture qui a précédé. J'ai participé à des ouvrages collectifs au Seuil, chez Actes Sud, Textuel, et ai publié, illustrée essentiellement par Patrick Guallino, une vingtaine de plaquettes, avec comme points communs le plaisir de la langue, le jeu sur le rythme, le goût du mot surprenant, rare, détonant ou précieux... ayant une résonance, dans l'imaginaire.


Traduite en anglais, slovaque, néerlandais et espagnol, j'ai eu la chance d'être plusieurs fois mise en musique par le compositeur Olivier Faes, ce qui me fait vraiment plaisir, car j'aime les sonorités, je suis toujours très sensible au tempo, à la "mise en bouche" d'un poème.