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De quarks et de poésie
est
un recueil toujours inédit, un peu à part, dans
la production d'Anne Poiré, car il utilise le langage
ésotérique de la physique, et se laisse porter
jusqu'au plus poétique de ces réalités scientifiques...
En
voici le texte complet.
physiciens poètes
vos rêves sont chiffrés
alpha bêta
gamma
défis d'imaginaire
tant d'objets
d'intuition
dans l'espace
jubilant asymptotiquement
dans le prisme
et le spectre
de la matière énigmatique
puissances de
dix
toujours repoussées
raides et limaçons
secrets et dérobés
joyeux escaliers
atomiques
garde-fous ajourés
captifs des noyaux
kyrielle
de triomphale et fraîche précieuse poudreuse
dans la grande
mécanique
quantique
décomposables
à l'infini
incessants
flexibles scintillements
pavillon haut
rudiments d'harmonieux
impacts
ébauches pavoisant
discrètement
dans l'éclatante
atmosphère
ondulatoire
en faveurs perpétuelles
quand se déploient les corpuscules
acrobatiquement
cafouillis et
vibrato
nébulosité
vaporeuse
mouvante
irradiant vaillamment
l'ultraviolet résiduel
pinceau cosmique
luisant florilège de failles rutilantes
lignées
à haute énergie
confiné
dans les hadrons
et possédant un spin
fondamentalement
chargé
aux propriétés si
charme
étrangeté
vérité
beauté
avec une cible
d'or d'oxygène ionisé
atome entrant en collision
inoubliablement
incandescentes
métaphores
d'écumes et mousses de savon
très savantes
cartes
d'univers presque enfantins
phosphorescence
brillante
d'ondes feux follets
déluge
de fluides et reflets
flamboyants flambeaux et flashes de feldspath
dans l'épaisse
nuit d'encre de la connaissance
bruines et ondées
de particules secondaires
en l'azur éthéré
splendeur parfaite
inaltérablement
taffetas soyeux
crissant et brasillant
coquilles laiteuses
antimonde
bien au-delà
zénith
événementiel
une
voyez-vous cela
pas moins
jusqu'à
spectrale fantasmagorie
vitesse de la
lumière
dit-on
distance rousse
étincelant dans l'imagination
pépins
actifs de galaxies et jardins de quasars
charges tourbillonnantes
à dessiner l'infini
le déformer
faisceaux de positrons
en équilibre et porte-à-faux
dans toutes les
positions
elles se désorientent
fugitivement
dans le chenal à vide
les belles égarées
sans cesse dardant
diffractant
depuis le lointain
violent saisissement
décalage
en fuite
vers l'expansion des soubresauts célestes
dans l'intervalle
de l'horizon
quark à
quatre
noyau doux
atome et à femme
cellule de cerise
brin d'herbe haute
homme
et l'infini tournant
autour
palettes symétriques
d'irisations changeantes
indétectables grappes
indécelables graines
jamais totalement
souples
électrons rebelles
dissidents
insoumis
révoltés
protons insurgés
mutins
désobéissants et indociles
toujours hors-la-loi
neutrinos vraiment
récalcitrants
accélérées
volutes
inlassablement
ramifications
de rotation en rotation
s'enroulant singulièrement
fêlures
rayonnantes
à la vitre du ciel
lamelles de mica semées de parcelles d'or
vitrail exponentiel
à l'angle
des métamorphoses
psyché
reflets de photons
secrets d'alcôves
à brouillards
magnétiques
sibyllins sillages
au trampoline des prudentes et circonspectes images
mais tellement
tellement troubles trajectoires
ronde et folle
déraison
des neutrons
des positrons
et précautionneuses
opacités
des muons perpétuels
hordes merveilleuses
pacifiques arsenaux
de neutrinos traversant en désordre le chaos
complètement
nuage d'infini
en direct
désintégration et intégrale débâcle
de labile fugacité
ô butin
bourdonnant de la reine cyclotron
hydro-miel de
lumière
molécules
errantes
au principe d'incertitude
s'ajoutent les observables
et autres éphémères
devinettes et
blancs
mystérieux
restent à
élucider
au milieu des
échelles
antimatière
carrousel des
protons
des électrons
quark top
si lourd
masse étonnante
d'une boucle de cheveux
pépite d'indivision
arcanes parfumées
du trou gigantesquement noir
puissantes gerbes
au lendemain du possible big-bang
désordre
bâtisseur
au coeur abondant
des hadrons
cheminements élastiques
des particules subatomiques
paramètres
en ressort
et jet brisé
muons
parfaitement
constellés
scintillants d'invisibilité
instables pulvérulences
fragiles
agiles
dans les collisionneurs
supraconducteurs
dans les cathédrales
Aleph
Delphi
L3 et Opal
admirables aiguillons
titubant tube
à vide
jamais inoccupé
vaisseau filamenteux
chimériques
familles
de momentanées nomades énergies
au plus fort des
chambres à dénébuliser
supercordes et
plans d'orbes et de globes
accumulés
dans l'antre
dans le ventre
nées du
lasso du monde
tels les leptons
élémentaires figures légendaires
à la circonférence
supergéantes amarantes
purpurines
pourprées et vermillon
en bouquets dispersés
depuis le séjour
vivoir des étincelles
étoiles
se pavanant
majesté
solennelle du soleil
clarté parsemée de rares ocelles
chaque ciel de
froissement
dans le plissé du jour
rayons gamma
en sursaut
aléatoirement
dans le vaste
tout
en retentissantes spirales de gaz
vecteurs de fluette
force faible
pesanteur
pailletée de comètes et céphéides
en aérienne
suspension
anthologie de
la gravitation
flacon d'irrégularité cosmique
tant de fragments
d'éclats
à la racine
rien qu'eux
kaons et fermiums
permanents et changeants calques apprivoisés
une même
parentèle
intimes infimes
objets quasi stellaires
impénétrables quasars
galaxies lovées
vrillées
autour de déchirures
immenses
et d'insondables membranes et cloisons
halo subrepticement
agité
mouvement diffus
de braises bouches de broussailles
en girandoles festonnées
souveraine radioactivité
sur limbe sculpté
de pièces d'orfévrerie
amas et superamas
embrouillamini de nébuleuses
en folios et feuillets
sautoirs et colliers
structures séparées
à plein
par le vide
embrasement arrondi
comme un fruit
renflé
calebasse évidée
déviée
courbée
réfractée
légèrement
par la gravité
livrés
au hasard
électrons
muons
protons
faits de flux
d'eau d'air de terre
de fées et de frissons
pétillants
cabinets à bulles
servant à détecter
dans l'effervescence
l'oméga
moins manquant
du rêve à l'état pur
camaïeu d'éponge
solaire
pierre à feu de luminescence
lyrique physique
toute de silence
compte-les bien
un à un
tous les quarks
et chaque neutrino
prodigieuses
pulpeuses équations
grandioses hypothèses
et abstractions
les extrêmes
où donc
se cachent les extrêmes
et au-delà
encore
y a-t-il hic et nunc
d'ultimes confins