- Atelier : écrire le conflit

est un article sur les 10 ans de l'APA, paru dans la revue de l'Association pour l'Autobiographie et le patrimoine autobiographique, en octobre 2002, n° 31.

L'APA avait fêté ses dix ans, à Ambérieu, quelques mois plus tôt, et j'y étais, avec beaucoup d'autres...

Pour connaître mieux cette association :

http://perso.wanadoo.fr/apa

ou

La Grenette

01 500 Ambérieu en Bugey

ou encore

grenette@wanadoo.fr

 

Le texte ?

Atelier : écrire le conflit


Oui, ce que je retiens de ce week-end à Ambérieu, c'est l'atmosphère festive. Avec Patrick, mon mari, c'était notre premier rendez-vous avec les Apaïstes. Nous pouvions craindre l'isolement, nous pouvions avoir peur, un peu... des autres. La grande famille était tendre, sans l'agressivité sous-jacente des fêtes, le non-dit, les tensions des repas dominicaux. Je suis rentrée euphorique, tellement contente ! Ragaillardie !

... Paradoxe pour un paisible et sympathique anniversaire ? Choisir un atelier d'écriture sur le thème du... conflit. Groupe tellement différent ! Hommes, femmes, générations variées... Après la consigne initiale, proposée par Marion Zapata, - nous présenter, non pas oralement, plutôt par écrit, tout en essayant, librement, de justifier notre inscription à cet atelier - , nous avons mis en commun nos productions, les avons commentées. C'était particulièrement intéressant : riche diversité de chacun ! L'animatrice nous a ensuite suggéré de rédiger une définition du conflit, suivie d'une illustration concrète. La petite histoire, vécue, que j'ai alors racontée, s'est métamorphosée, par l'écriture, dans le contexte chaleureux de l'APA. Lorsque je l'ai lue, très vite l'assistance a souri. C'est curieux, comme une expérience "dramatique", - ou ressentie comme telle... -, peut être désamorcée, par la dérision. Je souhaiterais avoir bien davantage le sens de l'humour ! Depuis des années cet incident me pesait . Je l'avais déjà souvent raconté, dans ma vie. Je me posais en victime et l'Autre, dans ce litige, se voyait attribuer l'ensemble des tares et des défauts ! En réalité je crois que toute relation est ambivalente, réciproque. Si j'ai été tant agressée, un jour, c'est que moi-même, à ma façon, j'avais blessé mon "adversaire". Oeil pour oeil, dent pour dent. Ah, que les rapports humains sont compliqués ! Mais grâce à la mise en mots, peu à peu, face à un public d'inconnus, amicaux, "acquis", - les auditeurs apaïstes, détendus, se divertissaient de certaines références - , j'ai pu retracer ce qui distillait en moi un mal effroyable. Mon texte terminé, légère, j'ai songé que les conflits devraient toujours être verbalisés, libellés, en changeant l'angle d'attaque, - expression qui contient déjà tant de connotations bellicistes... -, afin d'être pacifiés au maximum...


Anne Poiré-Guallino