Du Labyrinthe on ne sort pas indemne !
Surtout si c'est un roman d'Anne Poiré, émouvant, à suspense, construit autour de trois "cahiers ", rédigés par une même personne, Lila, femme d'un éminent psychiatre passé de l'autre côté du miroir.


Dédale inextricable !

La première partie, " Potiches hiéroglyphes ", renvoie à la kleptomanie, ses mystères.

La seconde, " Alchimie et tour de passe-passe ", évoque essentiellement l'art brut, ses arcanes, ses énigmes.

La troisième, " Solfège et partitions : petite musique de nuit " permet de relire tout ce qui a précédé sous un autre angle, dans l'émotion, puisque celle qui relate les faits en est aussi l'une des plus touchantes victimes.

La mélodie des tréfonds de l'être s'avère cette fois présente.


Roman labyrinthique, surprenant, ce texte littéraire terminé fin novembre 2006 renvoie aux sortilèges de la psychose, à ses zones d'ombre, et à l'amour, toujours.

 

En voici un extrait :

 

(...) C'était comme un chaos, un mélange fascinant entre faits réels, dérapages incontrôlés du côté de l'ailleurs. Benoît brillait toujours en société, mais il était la proie, soudain, de rites compulsifs, au départ invisibles, même aux yeux les plus proches. Moi-même ai mis si longtemps avant d'admettre ce que je voyais ! Mes peurs me tétanisaient : je n'en comprenais nullement la cause.
Je n'acceptais pas que quelque chose était en train d'advenir.
Pourtant, les curieux usages de Benoît devenaient de plus en plus contraignants. Astuces, systèmes, - agaçants -, dont il jalonnait son existence. Je ne pus continuer à ignorer qu'ils altéraient considérablement le quotidien de mon merveilleux amant. Lorsque Benoît refusa de s'occuper des patientes dont le prénom commençait par la lettre " C ", eu égard à la fameuse Charlène, qu'il ne souhaitait plus rencontrer sur sa route, l'étrangeté de sa pratique ne fut pas si facile à détecter. Dans les premiers temps, il prétexta des pathologies trop lourdes, ou pas assez, pour son service, afin d'écarter ces malades dont il ne voulait point. Comment comprendre les raisons profondes de cette aversion ? Il éloignait ces filles en les renvoyant dans leurs foyers, ou au contraire les faisait interner auprès de confrères aux thérapies différentes. Jamais chez Joss : Benoît était jaloux, me reprochant parfois les innocentes aventures qui avaient ponctuées ma vie avant notre belle rencontre. J'en balbutiais. Pour moi, plus rien n'existait d'autrefois J'étais si totalement, si merveilleusement amoureuse de mon nouvel amant !
Je ne compris que fort tard que Benoît agissait de même pour ceux, - hommes et femmes -, dont l'année de naissance, le mois ou le jour, contenaient le chiffre de lui honni, - entre 6 et 8 - , vraisemblablement parce que ses parents avaient péri le 7 juillet d'une année se terminant de même
Les règles n'étaient pas toujours chiffrées. Il en vint à ne plus supporter le bruit. Les services dans lesquels il évoluait gagnèrent au départ en qualité de vie : il fit capitonner quelques cloisons. Mais lorsqu'il fit interdire la télévision, la radio, les semelles craquantes, les grincements de dents et autres résonances, nul ne comprit au départ qu'il pouvait agir de la sorte, uniquement pour préserver ses oreilles de lésions qui lui semblaient irréversibles. Son acoustique n'était pas atteinte, l'oto-rhino-laryngologiste que nous avons rencontré depuis l'a confirmé.
Son cerveau singulièrement connecté, par intervalle, pouvait percevoir le bruissement des feuilles en train de croître, ou la chute des pétales de roses : les bouquets frais furent à leur tour exclus. J'en fus au départ blessée, moi qu'il avait couverte de fleurs. J'interprétai cette privation comme débandade d'amour, déficit sentimental. Il ne s'expliquait nullement, bredouillait. Je pleurais loin de lui, et ne comprenais pas pourquoi j'étais ainsi punie.
Le grand patron avait tous les pouvoirs. Sa finesse dans les posologies comme dans l'établissement d'un diagnostic l'avaient rendu pour longtemps inattaquable. Il était original, curieux, fascinant d'intelligence et de brio. Qui plus est, ses confrères l'appréciaient pour l'acuité de ses recherches thérapeutiques. On lui pardonna donc beaucoup, les infirmiers, comme ses pairs, convaincus qu'il testait de nouveaux traitements. De mon côté, la litanie de l'inquiétude commençait à me ronger, mais en un travail de sape invisible encore, même pour moi-même. C'était comme si mes rires soudain s'étaient mis à sonner faux. Je m'obstinais, inconsciemment, sans cesse, à sonder derrière les apparences Je cherchais insidieusement et sans même m'en rendre compte, ce qui ne tournait plus rond, ce qui faisait que lorsqu'il m'effleurait la main, s'enhardissait, je répondais d'une voix sourde. (...)


Pour tout renseignement sur ces 157 066 caractères, - espace compris -, n'hésitez pas à me contacter, si vous voulez en lire la suite... :

Anne Poiré
La Roche
42 670 Belmont de la Loire
04 77 63 71 40 - 06 87 21 08 01 - 0875 72 52 99