La grosse

 

est un roman destiné à la jeunesse. Récit émouvant que celui de cette fillette, surnommée Bouboule, ou la Grosse, par ceux de l'école, qui se moquent d'elle, et ses méchants parents. Isolée, solitaire, - à l'exception d'un ami imaginaire, Patou, le Seigneur de la forêt -, la petite n'en peut plus de la vie, au point de vouloir en finir. C'est au cours d'une tentative de noyade qu'elle va rencontrer, et sauver, son futur grand ami, "le Toubib", un vieux monsieur, réparateur spécialisé à l'hôpital des poupées. Ce dernier est confronté à un gros problème : chaque fois qu'il répare les yeux de verre de "Melle Nana", la luxueuse poupée est retrouvée fracassée, dans la maison de sa propriétaire. Notre héroïne va mener l'enquête, aidée par le grand chirurgien. Construction de soi, plaisir partagé et amitié sont au bout du chemin, mais chut, ne révélons pas tout !

Si vous êtes amateurs de happy end, et souhaitez lire la totalité de ce roman assez mélodramatique, ancien (1992, déjà !), vous pouvez me la demander. Mais à l'époque, l'ordinateur n'était pas entré dans ma vie, et vous ne pourrez consulter qu'une version papier, de bien médiocre qualité... Historique, déjà ! Il me sera impossible de vous faire parvenir le texte par les ondes...

 

Bon, un extrait ?

 

Le tout début :

 

Je ne sais pas pourquoi le Docteur, qui sait pourtant que je n'aime pas écrire, m'a demandé de lui raconter tout ce que je veux sur le petit cahier vert recouvert de tissu. C'est vrai qu'il est joli, qu'il me faisait envie, dans la vitrine. Je le lui avais dit, alors il me l'a acheté. Mais moi je voulais dessiner dedans, et lui il me l'a donné tout à l'heure, avec un beau stylo à encre, et des cartouches, pour "te confier", qu'il m'a dit. Mais moi je préfère aller lui rendre visite, ou à Patou, et leur parler." (...)

 

Plus tard, l'héroïne rencontre Mme de la Roche, collectionneuse de poupées très chères,

qu'elle garde dans ce qu'elle appelle la "nursery" :

J'ai voulu lui faire plaisir, je lui ai demandé qu'elle m'emmène à la "peusserie". Non, "nursery", elle a corrigé, sans un sourire.

Il y avait quelque chose de grave. Ou peut-être était-elle comme cela : un jour elle sourit, le lendemain elle a oublié comment on fait, il y en a qui sont comme ça.


La fillette va écrire, sur son lit d'hôpital, à un petit garçon de son âge

en train de perdre la vue. Il lui répond :

À une inconnue que je voudrais connaître.

Qui es-tu ? Pourquoi es-tu si gentille avec moi ? Tu sais je vais être aveugle, c'est ma mère qui l'a expliqué à John, un valet de là où elle travaille pour faire le ménage. Et je l'ai entendue. Alors tu ne dois pas être gentille avec moi. Parce que bientôt je ne serai plus normal...

Et puis je voudrais bien que tu me parles encore de Patou, et de tous les noms de son royaume.

Je ne connais pas du tout la forêt dont tu me parles, tu viens peut-être d'un pays inconnu. Moi, chez moi, il n'y a que d'affreux vieux arbres, aux troncs tout moches. Rien de joli, comme dans tes trois lettres.

Je veux mourir, parce que toi, l'infirmière blonde qui sourit t'a vue, et elle m'a dit que tu es très jolie. Et moi je suis très malade.

Je vais te laisser car j'ai encore beaucoup de lettres à écrire.

Guillaume

qui te dit à bientôt parce que tes lettres sont belles mais ne m'écris plus parce que bientôt je serai opéré et alors tu ne dois pas être gentille avec moi.