La maison de l'écrivain

 

est un manuscrit encore inédit, - mais plus pour longtemps ! -, à la lisière poétique de la longue nouvelle et du roman bref... sur la fascination exercée par Ansis Latvija, écrivain letton,rencontré au cours de son enfance par une narratrice marquée par ses souvenirs, - odeurs, visions fugitives - , et son imaginaire...

Je présentais ici le texte complet, rédigé en 2003... mais je ne vous laisse plus que le début, afin de vous mettre en appétit : les éditions Belem auraient dû le publier, en 2005.

Vous aurez le loisir de le déguster, dans son intégralité, et sur papier, lorsqu'un autre éditeur le choisira...

Bientôt, je l'espère. Ecrivais-je fin 2004.

Je ne croyais pas si bien dire ! 

Il est sorti, aux éditions D'un Noir Si Bleu, et le voilà même quasi épuisé.

Pour lire la totalité du recueil, il suffit désormais de me commander le livre, 

les éditions D'un Noir Si Bleu ayant épuisé leur tirage. 

Heureusement, il m'en reste quelques exemplaires, vous pouvez encore m'en acheter : anne.poir@wanadoo.fr



Pour vous mettre en appétit, voici quelques extraits :

La maison de l'écrivain

J'épiais depuis d'interminables heures : le signe de l'éveil venait d'abord du seau hygiénique.
Une cabane en terre battue, à l'extérieur, brinquebalante, latrines sans siège ni aisance, trônait pourtant. Mais l'on n'y accédait pas la nuit. Les enfants avaient peur de sortir. Y avait-il seulement l'électricité pour conduire aux sommaires sanitaires, le long de ce chemin truffé d'ornières, irrégulier, mangé par l'herbe, entre les dalles de pierre ?
L'hiver il faisait froid. Parfois il neigeait. Souvent il gelait : l'on s'était organisé. Un récipient collectif servait à la tribu toute entière. Et le père, au réveil, stoïque, sortait. Droit, très raide. Il passait devant moi sans me voir.
Se rendait à côté.

Il était majestueux, Ansis Latvija. Respectable et admirable.
Je le considérais avec déférence.

Je le vénérais.

Pour moi, depuis, les écrivains sont ceux qui n'hésitent pas à porter l'anse de l'ustensile cabossé servant aux besoins de chacun.
Avec dignité.

(...) 

La mère s'éveillait donc, au mitan de sa horde, hirsute...
Elle demeurait parfois affalée, pendant que je pénétrais dans ce paradis d'effluves divers.

Relents de sueur, de pets.

La tiédeur des draps m'enveloppait, quand je m'allongeais au centre de quelques miettes de pain d'un petit déjeuner que chacun avalait tant bien que mal, sans demander son reste, dans son coin.

Quel festin !

J'étais fille unique : le mystère des familles nombreuses contribuait à me rendre cet univers formidable.

Je m'y glissais clandestinement, ravie d'être ainsi conviée à partager la chaleur de pareille invraisemblable fratrie.

 

Ce qu'en dit la critique ? 

Alain Arnéodo m'a écrit cette magnifique lettre, en découvrant ce texte :

"(...) j'ai pris du plaisir à vous lire. J'ai cru comprendre des choses qui n'étaient pas dites : que la finesse peut cohabiter avec les odeurs de pot de chambre ; qu'un écrivain reste la star des petites filles lettrées ; que ce qu'on aperçoit avec de petits yeux procure plus de richesses que la lecture avec les yeux de l'intelligence ; qu'il existe des pays à la langue perdue pour tout le monde sauf pour l'imagination universelle ; qu'un texte "aéré" cache des poussières subtiles et des coins de vie qui ne réclament aucune dramatisation forcée ; que la collection des timbres-poste parle davantage qu'une enquête policière ; qu'une famille nombreuse engendre plus de possibles que les fantasmes d'une enfant unique ; qu'un lit-radeau s'incruste mieux dans la mémoire du lecteur que les turpitudes commises dans la cabine d'une pute... Choses données à voir, mini-catalogue qui défile ; la vie rêvée, la vie vécue dans un même film en noir et en couleurs. Une séquence d'initiation avant que le rideau se lève..."

"Je me souviendrai de cette fin au rasoir qui hache le récit qui annonce. Un non-événement alors que l'étoffe des phrases donnait comme l'amorce d'une grande histoire. D'amour ? d'admiration ? de curiosité ? Votre regard fouille dans les vies, dans le quotidien trivial. Un écrivain bruit là-dedans, diamant dans un taudis... On pensait que la petite fille - effet de l'émoi - deviendrait LA lectrice par excellence, LE public idéal et, pourquoi pas, l'épouse et l'infirmière... Vous cassez bellement le rêve trop simpliste de l'amateur qui croit lire une histoire qu'il porte... C'est bien habile de rester la seule maîtresse à votre bord !"

Patrick Guallino au Salon du livre de Roiffieux en mars 2013

 

Pour commander le livre, n'hésitez pas à me contacter - anne.poir@wanadoo.fr - , il me reste des exemplaires de cet ouvrage épuisé chez l'éditeur.