Mater



est une oeuvre touffue, farfelue, picaresque et baroque à la fois, extrêmement imaginative, fort coquine, - voire licencieuse parfois -, bouffonne, amusante et surprenante, mettant en scène un Sieur Rival aux bésicles fleuries, une mère on ne peut plus porteuse, n'accouchant quasiment jamais, un Estranger à la patience étonnante et à fort grandes moustaches, - éloquentes et vibratiles -, ainsi que d'autres hétéroclites et curieux personnages, absolument charmants, homos-amis, danseurs de charme, - Hello, Gutentag et Madame Irma - , sans oublier l'inoubliable Obradearte, une fillette à couette amoureuse d'un vieillard proverbialement sage, au doux nom de Cyan, ainsi que des crocodiles gonflables, et d'autres, préférant les exotiques marécages, des montgolfières, des cube de cristal, des cantatrices n'apparaissant que de façon épisodique, des enquêteurs portant noeud papillon et boutons de manchettes, mais pas de chemise, ainsi que de fort étranges collectionneurs de poils
Voilà un roman dans lequel il sera question d'art, de rondeur, d'amitié, de sexe, et où l'on évoquera les mystères de la vie, parfois ceux de la mort, peut-être également moult différentes autres choses, et tant et tant de curieux personnages

Je n'hésiterai pas à vous faire parvenir la totalité de ce roman loufoque, rythmé, enlevé, au style vif, mêlant le haut langage et la verdeur des temps modernes si, comme je l'espère, ces quelques pages vous séduisent déjà et vous donnent envie d'en lire davantage.

 

Voici un tout petit extrait de ce manuscrit original de 170 pages et 33 700 mots,

 

Extrait du chapitre 26

( ) Il me faut te proposer ici, Lecteur, une photographie assez précise de la vue qui s'offrirait à toi si tu étais à la bienheureuse place dudit commerçant.

Le ventre tendu vers l'avant, la mère d'Obradearte porte négligemment un corsage fort seyant, moulant, mettant royalement en lumière sa grandiose poitrine décuplée par la maternité.
Melons, pastèques, beignets, soufflés, baudruches de sucre merveilles, à toi de les imaginer !

Ces volumes plus que rebondis évoquent des édredons voluptueux et généreux, entre lesquels l'on parviendrait aisément à rester enseveli jusqu'à l'infini, dans le plus doux des oublis.

Partout chez elle les chairs débordent, s'échappant en larges quantités, appétissantes, gourmandes, en un mot, fort affriolantes.

Ainsi, vêtue d'une mini-jupe particulièrement dégagée du côté de la petite culotte à dentelles osées, en équilibre maladroit en haut de talons qu'elle trouve vraiment sexy, - puisque les aiguilles dépassent largement les trente-trois centimètres -, Mater offre au regard des cuisses d'une prodigalité peu commune.
La profusion des chairs, l'exubérance de ces frissons musculaires et tentateurs la rendent réellement plus belle qu'une quelconque madona des sleepings !

Enfin, elle n'a pas oublié de se maquiller : le rouge à lèvres dégouline sur les pulpeuses lèvres charmantement charnues, en soulignant la gourmande beauté, les yeux sont coquin vif sous la poudre, rieurs, et elle dégage une traînée de parfum vanillé et musqué, rappelant une midinette se rendant à son inaugural rendez-vous.

Il faut dire qu'il s'agira là de son premier galeriste.

La rencontre est d'ailleurs tout à fait étonnante.

Ils marchent au ralenti l'un vers l'autre, on entend les violons.
C'est sirupeux.
C'est chaud.
C'est bêtement sentimental.

Le marchand sent son coeur battre bien plus vite.
Mater bat des cils, elle.


(... )

 

Totalité du chapitre 32

Dans lequel tout marche au poil.

Mater, dans le fond, s'amusait beaucoup de la situation.

Avec Frangetonnette, elle avait constaté que leur air éploré leur réussissait fort bien, de sorte qu'elle le cultivait très soigneusement, s'entraînant à larmoyer devant sa glace dès qu'elle se préparait à sortir.

Et surtout, comme le titre du chapitre pouvait te le faire comprendre, Lecteur, Mater en avait conclu que vraiment, ainsi tout marchait réellement au petit quart de tégument !

En veux-tu quelque preuve, Lecteur : lis donc la suite, et dis-moi ton sentiment à cet égard !

Un homme vint à passer, avec sa doublure.

Il s'agissait de Cannellonapoli et Nouille-York, voyageurs de leur état, en apparence bonnes pâtes tous les deux, dociles et accommodants, collectionneurs d'un minuscule bazar sans aucune importanceun tout petit peu particulier.
L'un venait de Kyôtetou, au Chapon, l'autre du Mexcite. L'un était l'ombre de l'autre, et vice-versa, aussi était-il vraiment difficile de déterminer lequel était l'un, lequel l'autre.

Ils fouillaient le monde entier, afin d'enrichir leurs byzantines boîtes clignotantes, leurs coffrets sculptés et odorants, leurs étuis satinés, leurs fourreaux doux comme de la chair de bébé, ou de toute autre parties protégées, leurs carquois de joaillerie, évidés, subtils et secrets, leurs écrins façonnés à la main, somptueusement uniques, chacun contenant bien plus de mille et un infimes trésors pas tout à fait microscopiques.

Ils s'en allaient fort loin, explorateurs courageux, dans le seul but de collecter quelque pièce rare.

Précieuse.

Car, faut-il te le dire dès à présent ?

Ces deux êtres étaient tout bonnement d'étranges collecteurs de poils.

Depuis leur plus tendre enfance, ces deux obsessionnels avaient spontanément marqué un intérêt tout particulier pour chacune des productions filiformes qui naissent du tégument humain, et depuis leur puberté, ils s'étaient confinés dans un champ plus restreint, restrictif, spécialement féminin.

Au début, si l'on doit reprendre l'historique parcours de ces inventeurs en téguphilie fort créatifs, retiens, Lecteur, que Cannellonapoli avait de son côté ramassé consciencieusement, avec un bonheur ineffable, - déjà petit, alors qu'il avait reçu l'éducation la plus banale, commune à tout banlieusard de Kyôtetou, au Chapon -, Cannellonapoli avait donc collecté passionnément les villosités de certains animaux, et spécialement, les aériennes antennes souples, filiformes, grêles ou non, de la peau des mammifères.

Puis il s'était spécialisé.

Ayant communiqué avec son camarade de passion, Nouille-York, par voie informatique, télématique, internétique, et tout le tralalique, il avait d'abord pris conscience de l'étrangeté de ce point extrêmement commun à leurs deux personnes : ils portaient, curieusement, en des contrées fort éloignées l'une de l'autre, des noms aussi peu répandus, que Nouille-York et Cannellonapoli, et à vrai dire tous deux partageaient également quelque autre bizarrerie : ces deux hirsutomaniaques érudits avaient pour commune passion les poils, tous les poils, ou presque.

Pour être exact, sache encore, Lecteur, que si Cannellonapoli, pour des raisons psychanalytiquement fort simples à étudier, préférait les bulbes et racines du poil, Nouille-York, de son côté, en préférait, et curieusement, pour les mêmes raisons psychanalytiquement fort simples à étudier, les tiges.

Ils pensèrent qu'ensemble ils décupleraient leurs possibilités de trouvailles étonnantes.
A chacun son extrémité, pour Cannellonapoli son morceau, sa parcelle si précieuse, son élément le plus riche, et pour Nouille-York le sien, tout aussi ravissant !

Et c'est vrai que, s'ils avaient au départ multiplié, - à titre d'échantillons analysables, afin tout simplement d'apprendre à les classer et les répertorier-, s'ils avaient donc étudié d'abord de très près les spécimens de poils des ovidés, appelés vulgairement laine, ainsi que ceux du porc, les soies, ceux de la tête et de la queue du cheval, qu'on nomme aussi crin les seules touffes qui vraiment les passionnaient étaient celles non des chats, non des gouttières, non des chiens, non des mains, non des trains, mais bien plutôt celles des donzelles, quelles qu'elles soient, et ce même si déjà un certain âge ou un âge certain commençait à peler et râper leur pelage.
Ils conservaient précieusement le fruit de leurs actives recherches, les assemblant comme en une brosse, un pinceau, un blaireau, si la quantité était suffisante, et s'en servaient alors en un usage extrêmement personnel lorsqu'ils en avaient, en un éloquent pléonasme, suffisamment assez.
Les plus rares, - parfois uniques, car dérobés sur quelque petite culotte abandonnée négligemment dans un sac de linge sale, par exemple -, étaient stockés avec soin dans une banque à la discrétion assurée qui acceptait contre moult monnaie, de protéger un butin de si grand prix.

Ils en avaient déjà beaucoup, - de splendides télescopiques, d'extraordinaires pièces rembourrées, même des cardés - vraiment une quantité absolument ahurissante : des fourrures blondes, rousses, brunes, blanches, noires, bicolores, nuancées, moirées, décolorées aussi
C'était bien simple : tout gibier féminin, à poil, qu'il soit ras, court, long, lisse, frisé, laineux, soyeux, grossier même, fin, luisant, lustré, épais, beau ou terne, était susceptible de les intéresser.

Les deux hommes abordèrent spontanément, - et penses-tu, Lecteur, fort innocemment ? -, nos voyageuses, Mater et Frangetonnette.

Or la curiosité de cette dernière, soeur du Sieur Rival aux bésicles fleuries, pour une collection si étonnante, étrange, étourdissante, fit qu'ils devinrent amis, bien qu'elle-même se fît tondre, depuis de longues années, sa pubienne toison.

Qu'à cela ne tienne : pour eux, elle accepta de tout laisser repousser.

Chaque semaine, ils prélevaient un échantillon, afin de mesurer la vitesse de croissance.
Ils brossaient leur prise, la peignaient, la photographiaient, de son bulbe à ses plus souples extrémités.

Mater de son côté offrit généreusement quelques rares exemplaires de belle femme porteuse.

Cannellonapoli et Nouille-York n'en pouvaient plus devant tel profit.
Ils étaient ravis.

Ai-je songé à te préciser, Lecteur, que les deux hommes étaient chauves, dégarnis, déplumés, aussi lisses et brillants du crâne que des billes de verre ordinaire, une carrosserie de frigidaire, ou bien une boule de billard, en ivoire, avec, - même ! -, une fort docte transparence on ne peut plus éburnéenne ?

Dans leur incessante quête, les cheveux, les cils, les sourcils ne les intéressaient point.
Si autrefois les poils du visage, - notamment ceux d'une femme à barbe dont ils avaient obtenu la totalité de la moustache -, et ceux des aisselles, avaient pu les intéresser, aujourd'hui, et ce depuis quelques longues années, seuls ceux plus rares et difficiles à obtenir, du pubis, avaient à leurs yeux le plus grand prix.

Frangetonnette s'amusait beaucoup à leur désigner dans la rue quelque dame à herbages follets, une jeune fille à fin duvet, ou une autre, à pilosité spécialement fournie, poilue, velue, prête à se laisser un tant soit peu approcher

Les deux hommes ne respectant vraiment que la plus neuve nouveauté, Mater finit par trouver le divertissement beaucoup moins drôle.
Elle préférait garder le centre de la totalité des intérêts !

Elle laissa là Frangetonnette avec ses deux acolytes au crâne en boules de flipper, et s'enfuit prendre seule son plaisir un peu plus loin.

Là, elle multiplia les amants.

 

Pour en lire davantage, il suffit de me réclamer le manuscrit...