Mes moulins

 

 

est un texte de 236 pages, déposé à l'APA, l'Association pour l'Autobiographie.

En voici le tout début, et l'extrême fin...

Meunier, tu dors... J'essaie d'empêcher le passé, le présent de s'assoupir trop rapidement, mais l'on ne peut être à la fois au four et au moulin, vivre, et écrire sa vie, laquelle se déroule si promptement !
Désaffectée, la minoterie est là, grand-père mort, père mort, moi aussi, un jour... Moulin à café, à poivre, à huile, moulin à légumes : quelles sont donc les substances qui de moi s'évacuent, ainsi, par les mots, au fil de ces pressions, broyages, pulvérisations de mon être, cherchent à en extraire le suc ? Moulin à paroles, sans doute faudrait-il que j'écrive moins. Mais c'est vital. Ma thérapie, sans doute, ma lutte contre la folie, contre le découragement...

(...)

Tout peut s'écrire...
Vraiment, la vie est un véritable roman, ou plus exactement... un recueil de nouvelles, de vraies fitabôles... ! Tant et tant de projets, pour le moulin à paroles que je suis, aux roues et aubes, faites de tant et tant de rencontres !

 

Mes moulins, terminé en juin 2002, a été enregistré par l'APA sous le numéro 1681, avec une lecture très complète d'Anne-Liz Drouot-Bouché, dont témoigne le Garde-Mémoire n°6, publié en 2004, page 185, notice n°308

Les moulins d'Anne Poiré, ce sont les moulins à vent des mots et des phrase qui la poussent à écrire, ce sont les moulins de Don Quichotte et aussi ceux qui donnent son nom au village de son grand-père, Moulin-lès-Metz, c'est encore le véritable "moulin à paroles" qu'elle dit être. Autant de grain à moudre pour elle, dans la fluidité d'une écriture qui est son oxygène, permanente mise au point avec elle-même. "Et l'APA est le lieu le mieux adapté pour conserver pareille récolte."

Ce volume commence comme un texte autobiographique dont le point de départ est la nouvelle de la réédition d'un petit essai d'histoire locale écrit par son grand-père. Cette annonce arrive alors même qu'Anne Poiré, écrivain prolifique mais mal reconnue, vient de recevoir d'un des éditeurs auxquels elle a confié son dernier roman une lettre "stridente" signifiant le refus du manuscrit, mais signifiant aussi, pour Anne Poiré, que son texte n'a pas été lu, n'a pas pu être apprécié comme il aurait dû l'être. Cette coïncidence incite l'auteure à revenir sur son propre rapport à l'écriture et à la publication. Elle lui permet aussi de mettre en mots sa relation avec sa mère, "notre rapport aux mots, aux publications, cette tension, cette incompréhension entre elle et moi". (...) "Je suis bavarde, je suis faite de mots", dit-elle. Prolixe, Anne Poiré l'est assurément, et son texte autobiographique, à l'évolution peu banale, ne peut qu'être lu en sympathie, tant il est porté par l'enthousiasme et semble le reflet de sa vie même."