- Gérard Sendrey

est le créateur de Bègles. 

En décembre 2009, une grande exposition rétrospective lui était consacrée, à Bègles. Du tirage limité qui a été consacré à des textes de ses amis, rassemblés par Pascal Rigeade et toute l'équipe du Musée, voici le début de ma modeste contribution :

L'homme de Bègles

Pour ce qui me concerne, nous écrivais-tu en 2003, je continue mon petit bonhomme de chemin, sans grands éclats, un peu confidentiellement, sans doute parce qu'il est naturel que l'âge apporte des changements de rythme, d'autres façons de considérer tout ce qui touche à ma démarche. Je ne sais pas comment ça s'appele : sénilité ou sagesse. Je préférerais la deuxième hypothèse.

Vingt ans, déjà, Gérard, qu'entre courriers, coups de téléphone et rencontres... en pointillés, même épisodiques, chaque fois moments exceptionnels, notre amitié file son tracé, avec force, sans faille, vingt ans que notre relation esquisse mieux que des contours de mots, des méandres de traits, ébauche un tête-à-tête coloré et des treillis qui sont autant d'études sur la création que sur l'humanité, au canevas de ce paysage intérieur qui nous lie, au calame des feuillets qui se multiplient, de ton côté, du nôtre, dans des boîtes, sur des étagères, dans des livres aussi, ici, là, au coeur d'enveloppes et de correspondance intenses, dans un jeu incessant de liens de gouache et d'encre... entre sourires et clins d'oeil. Vingt ans, Gérard, et je n'ai pas vu passer les années. 

(...) 

Avec ma fidèle amitié, et que tout continue, pour le meilleur. 

1993 toujours : Ce qui est important pour moi ce sont les surprises que je peux me faire.

Gérard Sendrey est un artiste que l'on ne présente plus...

En témoigne aussi le catalogue de l'exposition qui lui a été consacrée au Triangle d'Art de Libourne, du 12 octobre au 11 novembre 2006, "Non-artiste". Ce catalogue offre des textes, traduits en anglais, pour la plupart, de Sendrey lui-même, mais également de Jean L'Anselme, Dominique Vayron, Michel Thevoz, et Anne Poiré.

Il a aussi écrit et publié quelques livres exceptionnels, dont Les toiles du merdier, paru en 1998 aux éditions De l'autre côté du mur, dans la collection Arts Singuliers, avec 16 dessins de l'auteur.

L'on trouve en postface des articles critiques, notamment de Michel Thévoz, Hédi Bouraoui, Martine Lamy, et Anne Poiré.

 

Le texte d'Anne Poiré reproduit dans le catalogue du Triangle d'art en 2006

reprend celui paru aux éditions De l'autre côté du mur.

Le voici :

Gérard Sendrey
ou la liberté conquise

Dans l'oeuvre de Gérard Sendrey, domine d'emblée l'idée de transformation, de métamorphose, de changement.

À moins qu'il ne s'agisse tout bonnement... de continuité.

C'est certes ce qu'on peut dire de son travail : quel parcours cohérent, depuis les premiers tracés noirs à la mine de plomb, à l'encre, au crayon de couleurs ou au stylo à bille, et ses actuelles recherches, nées de la rencontre entre des matières, - acryliques, gouaches, papiers, cartons... -, des techniques sans cesse dépassées, - plumes sergent Major notamment... -, et une étonnante sensibilité picturale !

De foisonnantes dentelles, alvéoles de ruches pleines de surprises séduisent, surtout quand, en surimpression, vient s'ajouter à l'écheveau central un réseau encore plus serré, comme imbriqué dans le tissu.

Le fond peut rappeler des étoffes moirées, chamarrées, - canevas riche d'invention et de beauté -, mais qui se révèlent plus dangereuses que des toiles d'araignées : on peut s'y perdre ! Dédale, labyrinthe complexe, frises obsessionnelles, le spectateur ne sait comment échapper à l'étrange fascination de ces fils entrecroisés, entrelacés.

Et ce qui se vit à l'échelle d'un tableau se retrouve dans son oeuvre elle-même, dans sa multiplicité. En effet, dans la démarche artistique de Gérard Sendrey, tout se fait, se défait, d'un dessin à l'autre, cellules toujours redécoupables à l'infini d'un trait jamais arrêté, qui poursuit sa quête, son fractionnement, - et paradoxalement aussi son unité.

Les travaux plus récents, en aplats colorés ou à l'encre noire, sont classés dans de nombreux écrins, boîtes étiquetées, organisées, avec le soin que l'on trouvait auparavant dans les divisions en enchâssement des feuilles de papier, ordonnées en rubriques, sous-rubriques, arcs donnant naissance à d'autres courbes, cellules déployées en autres canaux.

Mais si le rangement a gardé la rigueur et l'organisation des précédents dessins, les oeuvres, elles, sont merveilleusemnet affranchies de la forme, émancipées des canons et carcans traditionnels : la figuration s'est libérée, fruit de cette exploration menée constamment par Gérard Sendrey.

Ce sont des visages, des masques, des corps hybrides, - humains et/ou animaux -, enchevêtrés dans leur propre ossature, aux lignes expressionnistes, intenses.

Réalisées d'un geste sûr, en une tension graphique particulièrement expressive, ces formes jouent adroitement des pleins et des déliés.. Une liberté extraordinaire, acquise au fil des ans, se dégage de ces derniers calames.

Enfin, on ne saurait oublier que Gérard Sendrey est poète.

Dans ses encres fabuleuses, notamment.

Mais également avec les mots.

Et lorsqu'il écrit Mona Lisa, par delà la pointe d'humour, n'est-ce pas encore et toujours de son oeuvre qu'il parle ?

"Toi ma géante mal foutue, ma chèvre blanche aux pieds de bouc

Ficelle que tend le dessin entre ta hanche et tes seins

Ton oeil blanc sur papier d'hermine (...)"

Ses dessins "mal foutu(s)", mêlant "ficelle" du tracé et tension "entre hanche et seins"... ne sont-ils pas justement ses plus belles réussites ?

Modeste, Gérard Sendrey voudrait laisser croire qu'il s'agit de petits riens, bricolés pendant une réunion, un coup de téléphone, griffonnés machinalement en exercice lancinant, obsédant, impossible à arrêter...

Mais indéniablement, c'est une recherche volontaire, active, qui préside à ces travaux minutieux, remarquablement aboutis.

 

Pour tout renseignement sur les éditions et cet ouvrage, il suffit de contacter

Martine Lamy

Bat. G Apt 319
Résidence M. Thorez
33 130 Bègles
05 56 85 21 83

 

Pour des renseignements sur le catalogue du Triangle d'art :
Triangle d'art
62 rue Fonneuve
33 500 Libourne