Stani Nitkowski


Stani Nitkowski est un artiste majeur du XXe siècle. Il a choisi d'aller tester d'autres horizons au début de l'année 2001...

Ce texte lui est dédié...

funambrûle de l'extrême

homme des crêtes
tu franchis les frontières

les veines incandescentes tatouées sur le coeur
--
et la raison vacille
sauf que
--
allô
le fil planté pareil à un couteau
n'éclaire plus
--
cela me rappelle
suspendu entre huile et braise
--
avec majesté ton trône rutilant t'emporte
valse lente
les roues du char grésillent
et les clichés s'annulent
--
une star
le strass au béret
et les plumes tailladées dans l'oeil ivre
--
dessous les velours opaques
les diamants étincellent
--
de ton sang
le trait égoutté tremble
--
dans la ténèbre longuement
ta parole divague
jusqu'aux éblouissements indéchiffrables
désastres saisissants
--
tu

mannequin ployais
désirs contradictoires
--
névralgies blafardes
plombant crépusculé
sous les fibres le trop poursuivait-il
--
inventions dérisoires
le drôle et puis les larmes
armes aiguës
--
pas d'oubli
ni de regards
les phrases aiguisées tu allumais les nuits
--
colonne vertébralisé
de noce en bombe
de muscle en os

si tu t'emballais
étêté

culminait le cri
--
mouvements comptés
pliés

la sueur rougie
échappée du dedans
--
t'en souvient-il Stani
de ces errances synthétiques
préludes aux rythmes
tu t'endormais sur le clavier le rire en gerbes de palettes
--
face à face dans l'obscur souterrain
le gueux gémiluttait

la denture en avant

incisif
sisyphe
--
non la veille
tu ne savais plus
ou une autre fois
--
lueur hésitante des tragiques bobos
graves maux
-
parano pathétique émouvant mythomane imaginatif créatif
douleurs et greffes boutures
racines ardentes
--
brillant
les yeux pétillants
caillot des abrasés
--
fort faible fauché

fini de jouer
te voilà parti
--
dans ton éternelle
dans tes draps tout calciné
sur ton engin
mur rencontré

feu
ailes arrachées
tonus et soif de vivre
--
dépouillé
démasqué
tes mots tes images lacérés
--
le nid
où était-il
--
l'indestructible
à son tour
passé de l'autre côté
--
redoutables coups de fil
Stani
en équilibre
tu t'affaissais
--
dans l'écorchement
les laves
fleurs de soufre
--
rumeurs avorteuses
hors des digues en combustion brisé
--
engendrement de force
giclées crachats
poussières dans le blanc
--
la mare coagulée
expressionniste
cinquante millième degré
--
cette façon de mourir
désespérée
--
acte d'accusation
mise en cause
terrible

pénombre saltimbanque
--
aveu de puissance
tu quittes la souffrance

irrésistibles glapissements
la vocifération des pâtes mêlées
--
si difficile de
--
dramatisation la moindre minute
disparition haut théâtralisée
--
cheval fou crépitant au brasillement des heures
cachot les matins blêmes
--
paupières de khôl profond
le mascara de ta mélancolie
--
tes orbites lointaines
jettent par la fenêtre
les cailloux et les astres
--
plus personne au guichet
quelqu'un
plusieurs
tes trajectoires de lumières à perpétuité
--
sans fard bourrasque marque tatin
recroquevillée
la vrille de la vie
--
hémoglobine
tu ne dégoulineras plus
--
épuisantes physionomies
creusées
dans leurs inconséquences
--
fracassé
pressé

de t'esquiver
--
masses difformes
proéminences et branches torses
du magma informe
--
matières que tu grattais
forais
rageais ensanglanté le papier
accrocs sanguinolents
--
aïe
l'esquisse teint livide
tes encres déchiquetées
--
versé valsé
fil-de-fériste acrobate malgré toi
--
chaque portrait
sarclé
condamné à
--
malmené écartelé
de ta gangue en zigzags
ramifications sans filet
--
maculé d'indélébiles pâtés
pigments

tu t'absentes
t'éclipses
te rescapes comme possible
--
resserrées à la gorge
tes clameurs de haro
--
pour toi avant terme
salive purulente
parturiente
--
déshabillée
dans sa nudité ceinte de silhouette décharnée
ta toile
--
la lèpre instituée beauté
dans tes gris et tes ocres
--
elle consumait tes jours
s'estompent les épreuves
reprises en sous-oeuvre
ton Oeuvre
--
sentinelle perdue dans la ligne et les dents
les cils la bouche
arrêtés
--
affranchissement
spatules brosses pinceaux et vernis
--
porté par
crucifié aux jambes nues
--
à la lampe éméchée
tes chancelances
multipliées
--
gueule noire expulsée
le corset dévoilé au harpon

corps goulu de tout
--
écorcé vif emporte-pièce
tu découpais tes apparences
--
estropié d'âme vorace
à l'affût
--
grande chair
empreintes des confins
chevalier d'Eon
autoportraits très démangés
--
demeurer

--
illusionniste escamoteur
tu l'as approchée
la mort
plumée
trompée
qui donc pourra

 

Encre de Chine de Stani Nitkowski

datée du 30 mars 1985

" Le chevalier d'Éon"

20 X 29 cm

 

 

Idées d'artistes, c'est une galerie d'art à Paris

mise en oeuvre et en images par la fille de Cérés Franco, de l'ex-Oeil de Boeuf. Elle rend un hommage superbe à Stani Nitkowski en rassemblant les témoignages de ceux qui l'ont connu... :
http://www.idartists.com/

 

Protecteur aux cheveux rouges - Hommage à Stani Nitkowski

tableau de Guallino

Technique mixte

30 X 16

 

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Le texte sur Stani est aussi paru dans son intégralité, sur le site littéraire Internet Pleut-il, le lundi 10 juin 2002.

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http://pleutil.net/
création-réaction littéraire