Le testamadeus ment

 

 

Au départ, un concours : participer à l'élaboration de l'oeuvre complète de Camille Amadeus Colombetto, sire énigmatique, intemporel et polymorphe... caractérisé par les signes distinctifs suivants : le carré, le chiffre 40, le noir, et la clef.

Inventé par Yves Le Pestipon, auteur toulousain, ce personnage fictif a pris peu à peu forme... et le tome 1 de ses Oeuvres Incomplètes est paru aux éditions Floury - Palladion, en 1999... contenant ce texte, établi par Anne Poiré-Guallino...

 

Le testamadeus ment

 

" En l'an très vain-septième
Ou trentième passé
De mon fort ingrat âge,
Sans hésiter, je lègue
À mon père très chiant,
Oedipe fumeur de pipes,
À ma mère très folle 
Clytemnestre ou Electre
Les soucis et les peines
Accumulés dedans
Freudien et puis curien
Mon estimable coeur...

 

Qu'ils leur super pesassent
Vraiment très très lourdingues,
Voire autant et bien plus
Qu'à jusqu'ici mézigue

 

"Et pire encor je lègue
Horreur à mes
quarante
Vraiment meilleurs aminches !

 

Que crèvent comme chiens
Vrais clébards très pouilleux
Les ignorants les fats
Et les ingrats tout gras
Incapables de lire
Se marrer et gaver
De textes et lapsus
Trois poèmes et deux vers
Sans tomber dans l'ennui
Le plus vaste et très vain...

 

"Pauvres idiots sans mots !

 

"Item je laisse à tous
Mes pauvres cloches profs
Du lycée du collège
De l'hypo de la khâgne
Ma console et mes jeux,

 

Qu'ensemble ils se détendent,
Et découvrent enfin
De nouvelles branlades
D'infinies chics extases...

 

"Que Virgile et Racine
Carrés et solutions
Équations et brouillons
Millimètres pipettes
À l'échelle enfin cessent

 

"Item à mon coiffeur
Les rognures amères
De mes charmantes boucles,
Et mes poux les plus verts
Qu'afin de se venger
Des clientes horribles
Trop râleuses, pénibles,
Il ait de quoi vraiment
Les faire bien gratter
Chatouiller et piquer
Un peu plus davantage
Chaque mois et semaine...

 

" Item à mes voisins,
Aux musiques sauvages,
En hordes déchaînés
Que la carte du son
De mon Mac ou PC
Leur revienne entière
( Et notez ci-devant
La très jolie diérèse)

 

Présentement je donne
Ainsi que CD Rom
Sonnants et trébuchants
Pareille distraction,
Mon marteau, les vinyles,
Afin qu'accumulés
Les bruits, les sons et cris
Deviennent harmonie
Noire et préétablie
Deviennent allégorie
Créatrice et novelle...

 

" Item, je laisse à Eve
L'épicière ventrue
Mère du père Ubu
Du mien si beau quartoche
Ma mienne gourmandise
La plus férocement
Gloutonne et très vorace.

 

Qu'en son ventre repu
Weights watchers à régime
Toujours, et nuit et jour
Quelque nouveau bonbon
Bourbons bubons si bons
La revienne tenter
Harceler éprouver ...

 

" Qu'en ces heures vivant
Sachez ô mes lecteurs
Qu'en pensant à vous tous
Je rédige en rêvant
L'épitaphe Camille
Très très Amadeus :

 

"Ci-gît encore dort
En ce caveau plein d'eau
En ce berceau sans
clef
Pauvre Colombetto
Un pauvre SDF
Ex ancien lycéen
Paresseux et prospère
Pépère, dans son lit,
Faut voir vraiment ce mec
Point trop amer, pubère
A la barbe annelée
Encore neuve et claire

 

Camille très chanceux
Qui ne fut onques, onques
Lassé, jamais, jamais
De son goût pour l'ailleurs

 

O Toi Amadeus
Qui ne fut onques, onques
Lassé, jamais, jamais
De son très grand bonheur

 

Et de ses bien ouvertes
Vertes belles années
Si
noirs tristes tropiques
Aux tons alphabétiques

 

Ainsi fut-il Cas Mille
À ma douce colombe
Nommé de son vivant

"Il les leur donna toutes
Ses chouchoutes disquettes
Tous ses vers tous ses mots
Tout un chacun le sait:
Adverbes adjectifs
Noms et virgules points
Ô ! Onomatopées,
Osées et très perverses

 

" Aussi pour lui Camille
Dites ces vers ces mots :

 

"Merdouille merdouillasse
Cornegidouille andouille
Et ventrebleu tonnerre
D'ivresse et de bonheur

 

Par ma pansebeltaille

 

Que l'on festoie pour moi
Tant que l'on pétera

 

Que l'on rôtoie pour moi
Tant qu'on le bien pourra

 

"Item j'ordonne encore
Qu'en art de la peinture
Le noir de noir soit bleu
Comme orange sanguine
Le noir de noir soit rouge
Comme banane mûre
Le
noir de noir soit vert
Comme kiwi pourri

 

" Les grands peintreux très bruts
Conceptuels et fous
Plutôt minimalistes
De notre époque vive
Vingt et unième et puis
Suivantes et après
Mon pipi d'effigie
Et caca sépulture
Non pas en douce chair
Mais en fraîchement huile
Et doux pastel gouaché
Sans relâche les peintres
Me ressassent et peignent

 

Afin qu'aux autres siècles
Qui viendront bien, aussi,
Du valeureux Camille
Amas de housses
noires
Colombes et pigeons
Toujours l'on se souvienne

 

" Je suis d'ici là-bas
Et puis d'ailleurs encore

 

Toulousain internaute
Très loufoque branché

 

Jusqu'à billevesées

 

Né à grande Paris
Près de la Tour Eiffel

 

À Toulouse la rose
Auprès de Saint-Sernin

 

Ou de Clichy, Pontoise
Et de veine grivoise

 

Qu'en vous qui me lisez
Toute peine, pouêt pouêt,
Point trop vraiment sournoise
Jamais ne fasse fête
Ni très grosse recette

 

Je suis d'ici,Camille,
Paladin Palladion,

 

Et puis d'ailleurs encore
N'importe où, Barcelone,
Naples ou bien Corfou

 

Magicien ou devin
Mage aux
quarante images
Ce serait tout pareil

 

Et si l'on me trouvait
Un jour de bonne farce
À la Colin Higgins
À la Harold pas Maud
Pendu par les pieds beaux
Au-dessus de la cave

 

Alors saurait mon cou
À l'aide, à l'aise, à l'aide

 

Ce que mon tendre cul
Q. I. plus de
quarante
Réellement soupèse"

 

Camille Amadeus Colombetto

juillet 1999