Ecritures à quatre mains est l'un des articles rédigés par Anne Poiré, pour une magnifique exposition des Guallino, à la Chantrerie, à Cahors, au début de l'automne 2006. À cette occasion est paru un catalogue superbe, de 21 X 25 cm - couverture sur couché mat ivoire 300 gr - intérieur 48 pages en quadrichromie.
Cet ouvrage est très intéressant, mêlant les époques, les matériaux, les points de vue...
Il contient des textes de Jean-François Maurice, Flora Berne, Cérès Franco, Bruno Gatignol, Marc Lecuru, Roland Arcache... et Anne Poiré.
Salon de La Clayette (71) automne 2009 - Anne Poiré dédicaçant Le goût des glaces -
La lectrice tient le catalogue à la main.
Voici les contributions d'Anne Poiré :
page 12 Ecritures à quatre mains
Lorsque je t'ai rencontré, Patrick, ton atelier m'a immédiatement séduite. Et l'homme. La couleur réapparaissait à peine : tu avais commencé à l'âge de quatorze ans à lutter, te régaler avec l'huile, puis tu avais tout détruit, en un bûcher ardent. Des centaines d'oeuvres ont ainsi disparu.
Nécessité intérieure oblige, tu n'as pas pu arrêter réellement de créer !Ton retour vers l'art s'est effectué à partir de la trentaine, d'abord par des bas reliefs, puis des sculptures, en bois "brut", pièces ajustées, collées, puzzles dont toi seul connaissais les plans. Tes assemblages n'en finissaient pas, baroques, d'annoncer la polychromie, par le jeu des pleins, des rondes-bosses. Tu te jouais des veines des essences, dentelles à naître, d'ici et d'ailleurs.
Je suis arrivée dans ton petit village, et nous ne nous sommes plus quittés.
Voilà plus de vingt ans que nous vivons ensemble : l'acrylique, les voyelles, le pastel, les consonnes, l'encre s'entremêlent. Ponctuation sur toile, cahier, parfois sur contreplaqué, sur papier, ou dans des figures, aux lignes incroyables, de chêne, pin ou châtaignier. Occasionnellement, le verre, l'alu, voire le bronze, surgissent. Bientôt d'autres matériaux, qui sait ? Se constitue peu à peu un bestiaire ludique, côtoyant gargouilles, totems, jongleurs, équilibristes, personnages de mères et enfants... Des couples d'amoureux, surtout. Trajectoire symbolique. De la fusion entre nos différents modes d'expression, notre palette s'est transformée, - dense, tendre. ABCDE et nous serons heureux : du poète tu as extrait la pulpe, et je me suis prélassée dans les innombrables replis des fertiles nuanciers. Nous avons appliqué des étoffes, soyeuses, multiplié les promenades, attrayantes. Nous avons ri, à l'unisson, en admirant pousser les arbres à câlins ! Face aux énigmes ancestrales, quels délices : nous nous sommes roulés dans les ailes du désir !
Voyage amplifié, du côté du bleu essentiel : nous avons abordé des rivages éblouissants, sur fond d'or. Rougeoyants, pourpres. Nous nous sommes juchés sur d'authentiques tabourets de palabres... Combien de loups et de dragons avons-nous domptés ?
Je peux le dire, désormais. Depuis notre coup de foudre, - solstice trésor, ciel deviné -, nous expérimentons la légèreté, nous palpitons : aucun sens interdit. Tous les mots sont permis ! Élargis, dans une sensibilité lumineuse, - au corps à coeur complice - , pour le meilleur de la peinture, et la fleur de la sculpture, tube après brosse, poème après pinceau, jusqu'au bout, même pour choisir les titres, nous pouvons l'avouer : notre vie est une fête, féerique, un invraisemblable feu d'artifice, tumultueux, dans ses liserés et scintillements, une infinie envolée-étincelles !
Alchimie mystérieuse...Comment parler de ce pas de deux étoilé, de ces riches heures du bonheur ?
page 20 Palettes Tant de caresses exquises. Depuis les cyans, jusqu'aux syllabes carminées, entre fuchsias, amarantes, véronèses : émotions. Reflets de jaunes d'or aigu, de chrome, topazes, alizarines, bleus tendres, verts solaires, magie des flamboyances crépusculaires... Gaietés poétiques, rehaussées de blancs veloutés, de turquoises, de safrans, rires immaculés, cerises épars. Verbes, adverbes, adjectifs, substantifs pourpres, mots radieux, pigments rayonnants : intimes jounaux et ramifications...
page 22
FigurationPariétal ou contemporain, primitivement premier, toutes dents dehors, la colonne vertébrale en étendard, arc-bouté sur ses pieds, massifs, les hanches en dentelle : voici "l'Homme de Belmont"... figure imaginaire, à la lisière de l'autoportrait à la chevelure bleue, et du portrait du quidam universel. Tutélaire ? Ni homme ni femme : rassemblant en ses possibles l'humanité en son entière diversité !
page 30 Ailleurs Singulières étincelles. Bouteilles à la mer. Îles de matières. Tous autant, sommes explorateurs de ces cartographies imaginaires aux couleurs du bonheur. Il suffit de regarder, rêver. Circuits, périples, croisières, traversées : invraisemblables, ces voyages, sans autre boussole que le coeur. Monde de sculptures, de toiles, - volumes, diamants.
page 32 Confidences
Ô déesses, quels insondables secrets protégez-vous ? Quelles fondamentales histoires chuchotez-vous, entre ombre et lumière, matières, sève, grattages, graffiti et velours, brocart de jaune feu, rêveries d'écarlate, s'intensifiant, au contact de la nuit ? Chemins et nids. Mystère de ce précipité d'acrylique, en ses rehauts.
C'est à Durcet, au salon de la poésie, après la merveilleuse marche le long du sentier des poètes, où trône une plaque, sur laquelle on peut lire deux de mes textes :
à mes côtés,
Marie-Thérèse, notre charmante hôtesse de Durcet.
Avril 2011
En février 2013, même avec des sujets aussi graves
c'étaient des Petits bonheurs partagés au Salon de Rives, en Isère
De jolis moments de partage, et même de chaleureuses retrouvailles ! Chaud au coeur...
Perreux - Salon de l'écrit
Anne Poiré, face à des lecteurs passés, présents et futurs passionnés... Perreux 2013
