Salavera

est une artiste toulousaine dont l'oeuvre chatoyante a inspiré Anne Poiré... Peintre et sculpteur d'exception, à la renommée internationale, l'on retrouve ses oeuvres au musée de la Création Franche de Bègles, ou à L'art en Marche à Lapalisse, aussi bien que dans des expositions prestigieuses à Barcelone comme à Zwolle en Hollande : cette artiste toulousaine offre une oeuvre, ludique, colorée, en une palette de rouges flamboyants, orangés vermillonnés qui chantent et pétillent, de velours et de feu, se décline au gré de graphismes qui mettent au jour un monde imaginaire de vagues et d'écume, de prismes, de volutes, dans lequel gravitent des personnages sympathiques, bestiaires de monstres tripodes, animaux inventés et mythiques, vikings, fous avec leurs chapeaux noirs, créatures mythologiques aux cornes de bélier lyriformes, que l'on perçoit au travers de hublots, aérateurs métamorphosés par une polychromie chatoyante, ou dans des coulisses espagnoles, en plein bal de sirènes ivres, dans des wagons surprises, en un tourbillon de théâtres somptueux évoquant parfois les tentations d'Ulysse.

Chez cette créatrice hors pair, si l'on observe attentivement l'oeuvre féconde, si l'on explore en sa compagnie ces continents et microcosmes habités de rêves, l'on entre sans difficulté dans les sinuosités et les méandres de filets, enluminures et spirales où tout s'imbrique, de façon exubérante, proliférante : elle sait, complice, nous conduire par le dédale de ses joyeux labyrinthes directement au pays des merveilles !

 

Texte publié dans le catalogue de Banne, en Ardèche, en juillet 2002 :

Prolixe, oui l'oeuvre de Sylvie Salavera l'est, mais sans pour autant être bavarde ou diffuse. Elle se contente d'allonger le sens, de le multiplier : ses oeuvres offrent d'abondantes entrées possibles, elles sont copieuses, riches, enroulées et déroulées, faites de graphismes enlacés dans d'autres graphismes. Ce travail rappelle un certain art de l'enluminure, grâce au petit monde qui jaillit de ces dessins. Miniaturiste, Sylvie Salavera l'est bien un peu, par la minutie avec laquelle elle remplit l'espace : elle occupe entièrement la feuille, la toile, le bois, le morceau de fer sont alors rendus pleins. La petite portion d'espace que constitue l'oeuvre se voit multipliée, amplifiée : elle abonde de signes, et l'univers ainsi crée est totalement, entièrement autonome.

Page du catalogue de Banne consacré à Sylvie Salavera

Texte publié dans le catalogue El arte singular, la vuelta a los ori'genes para el arte de mañana, 2001 :

Ese lujo de trazos evoca otro mundo de detalles sorprendentes, inesperados, curiosos, con frecuencia extraños, pero sin exceso, sin demostracio'n : pues esta prodigalidad sigue siendo sorprendentemente modesta, discreta. En efecto, la delicadeza del trazo tiene algo de reservado, de contenido, sin jamàs atraer de entrada la atencio'n. Es el ojo el que tiene que indagar, volverse observador. El encanto so'lo funciona, de hecho, para los que tienen la paciencia de entrar en la obra, de darle la vuelta en profundidad. Y alli' se revelan extraordinarios animales-personajes, plantas inexistentes o seres hi'bridos salidos directamente de la imaginacio'n.

Dans ce même catalogue, un autre article, d'Anne Poiré, sur Patrick Guallino. Pour le lire, cliquez ici.

 

Texte publié dans le catalogue Le pluriel des singuliers, publié chez Actes Sud, en janvier 2000 :

L'oeuvre de Sylvie Salavera est marquée du sceau de l'abondance, de la profusion, chaque tableau regorgeant de mille signes et dessins, copieux dessert, plantureuse gourmandise bien riche, régal des yeux.

Ce luxe de traits évoque un autre monde, directement issu de l'arche salavérienne, aux détails surprenants, inattendus, curieux ou drôles, souvent étranges, mais sans excès, sans étalage : car cette prodigalité reste étonnamment modeste, discrète. En effet, la délicatesse du trait a quelque chose de réservé, de retenu, sans jamais attirer d'emblée l'attention. C'est à l'oeil de se faire fureteur, observateur. Le charme n'opère en fait que pour ceux qui ont la patience d'entrer dans l'oeuvre, d'en faire le tour, en profondeur. Et là se révèlent d'extraordinaires animaux-personnages, plantes inexistantes ou êtres hybrides sortis tout droit de l'imaginaire.

Tous ces sujets se confondent, se mélangent, réunis en un train régulier qui glisse sur eux, jusqu'à l'absorption complète de la matière dessinée, fusionnant en un nouvel univers de signes, d'autres motifs, en une création fabuleuse, mythique, à la fantaisie totale. Les chimères de Sylvie Salavera n'ont rien d'extravagant ; elles parlent du rêve, en viennent et y retournent...

Texte repris en 2010 dans le catalogue Sylvie Salavera artiste conteuse d'images  publié en lien avec le festival de Banne en 2010

et augmenté d'un texte datant de 1994  :

L'arche de Sylvie
Spirales d'escargots, colimaçons colorés et limaçons enroulés/déroulés, fermés/ouverts, dessinent un parcours de lignes sensuelles et douces, dans l'oeuvre de Sylvie Salavera. Ces rondeurs se retrouvent d'ailleurs aussi, dans ces crêtes dentelées, érodées, en sinuosités, ou vaguelettes douillettes et souples.

De ces méandres en volutes, de ces boucles et arabesques, ondulations arrondies, naissent des itinéraires imaginaires, circuits dans l'oeuvre , libres trajets, le plus adroit chemin pour aller d'un point à un autre est celui de la beauté ! Ici c'est la richesse, c'est l'abondance qui dominent parmi ces sentiers le long desquels on aime à s'égarer : traversée de graphismes lilliputiens, qu'il faut fouiller pour découvrir un animal fabuleux aux carnes annelées, enroulées ou lyriformes, un plumage éclatant et rare et puis des yeux globuleux, d'autres enfoncés, vifs ou ternes. Des poissons-chèvres côtoient des dragons-lions, et la sagesse d'un oiseau-boeuf nargue un mollusque qui se cherche. 

Et cette zoocréation  du monde, peuplée, habitée, grouillante de vitalité à déceler dans ses moindres recoins, est dans le même temps une polyphonie équilibrée de couleurs chatoyantes, selon une harmonie sans dissonance. De l'infiniment petit à l'infiniment grand, de la partie au tout et du tou à la partie, cette oeuvre extraordinaire d'équilibre arrête le regard, séduit et charme.